Myomectomie

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Après mon opération (une myomectomie par laparotomie), j’ai ressenti le besoin de rechercher le hastag “fibromes utérins” et “myomectomie” sur instagram.
Mon histoire est semblable à celle des autres femmes affectées par la maladie, et en même temps vu qu’elle me concerne elle m’est très personnelle et elle me semble extraordinaire.
Octobre 2020
Je découvre par hasard que je suis enceinte. Mon compagnon et moi prenons rendez-vous avec une sage femme en vue de faire l’échographie de datation.
J’étais sous le choc de cette première grossesse inattendue.
Choc auquel il a fallu ajouter la découverte de ce fibrome. Apparemment assez gros. La sage femme m’oriente vers une gynécologue.
Dans la semaine qui suit j’ai rendez-vous avec une gynécologue qui ne fait preuve d’aucun tact et que je ne retournerai pas voir dans le cadre de mon parcours médical. Elle me dit qu’effectivement le fibrome est assez gros (8cm apparemment) que cela peut compromettre ma grossesse et entraîner des complications comme une malformation du fœtus (car le fibrome allait surement encore grossir en cours de grossesse car ce sont des tumeurs bénignes vascularisées), risque de nécrose du fibrome et de fausse couche.
Elle ajoute non sans un petit air amusé que ” c’est drôle car d’habitude ce sont les femmes d’origine africaine qui sont majoritairement touchées” or je suis d’origine latine. J’en reste sans voix, c’est quoi cette remarque ?!
Deuxième choc après l’annonce de ma grossesse : il faut que je compose avec cette tumeur bénigne et il faut se l’avouer le mot fait peur.
Pendant deux semaines je suis en larmes, je ne sais pas si je veux garder le bébé dans ces conditions, je me sens démunie et en proie à la culpabilité face à  un compagnon qui se montre on ne peut plus compréhensif face à cette situation, qui accepte l’éventualité d’une IVG alors que son rêve est d’être père, et moi qui suis là au milieu de ce flot d’informations sans savoir quoi faire, vers qui me tourner, la peur au ventre, à me scruter tous les jours.
Finalement je prends la décision d’avorter.
Novembre 2020
Suivant l’ IVG je fais une échographie sur conseil de la première gynécologue que j’avais vu. Je n’en parle pas avec ma famille.
Le jour de l’ échographie je n’étais pas des plus rassurée, mais bon la professionnelle que je vois se montre plus humaine que la gynécologue et s’ abstient de toute remarque déplacée.
Par contre lors de l’examen elle ne peut s’empêcher de lancer un “oh mon Dieu mais il est énorme comme vous faites pour vivre avec ? Vous n’avez pas mal ? Vous ne le sentez pas? ” D’après sa couleur (chocolat d’après elle) ce ne serait pas un simple fibrome : il s’agirait d’ endométriose.
Troisième choc.
Il faut savoir que je ne m’étais jamais interrogée sur les douleurs pelviennes intenses que je ressentais au moment de mes règles et même en dehors,  même si j’étais pliée en deux et qu’elles me coupaient le souffle. Pour moi c’était comme ça et c’est tout.
Je me dis automatiquement que j’ai peut être perdu ma seule chance d’être mère. Que j’ai privé l’homme que j’aime de réaliser son rêve d’être père.
Je n’ai pas le temps de me poser et de digérer tout ça, je dois aller au travail. Entre temps ma mère m’appelle pour s’avoir comment s’est passé l’ examen je craque, je pleure je lui annonce la nouvelle. Elle pleure également, elle se sent coupable de ne pas avoir pris mes douleurs au sérieux, de ne pas s’être inquiétée. Je ne lui en veut absolument pas, on ne parlait pas de cette maladie il y a encore dix ans.
Début 2021
Je vais voir mon médecin généraliste, il me confirme qu’il s’agit d’une endométriose.
Il me fait une ordonnance en vue d’une IRM, je prends rendez-vous ce n’est que quelques mois plus tard que je pourrais réaliser cet examen. Durant ces mois d’attente j’ai du me faire à l’idée de ce diagnostic, et c’est comme si tout d’un coup la maladie s’exprimait encore plus, j’avais des douleurs lors des rapports sexuels avec mon conjoint, des saignements entre les règles, des douleurs pelviennes encore plus intenses, mon bas ventre était en permanence gonflé, et je ressentais dorénavant cette grosseur.
Je me renseigne, entame un changement dans mes habitudes et notamment dans mes habitudes alimentaires pour aller vers une alimentation anti inflammatoire que j’ai du mal à tenir.
Entre temps je dois aussi rassurer ma famille, mon conjoint. J’ai l’impression qu’on pense à moi sans penser à moi.
Mai 2021
Enfin l’ IRM.
EN FAIT JE N’AI PAS D’ENDOMÉTRIOSE.
C’est un juste un fibrome pédiculé de 8cm sur 5, avec une épaisseur de 3cm.
Pleurs de soulagement. Peur que malgré tout il y ait une erreur dans le diagnostic.
Je prends rendez-vous à nouveau avec une gynécologue au hasard car je ne suis pas suivie.
Le rendez-vous avec la gynécologue arrive. Encore une fois j’ai droit à de l’étonnement, à des “oh mon Dieu, il est énorme” “il doit vous faire mal” “mais comment vous avez fait pour rester avec” blablabla merci de vous montrer aussi rassurante. Pour ce qui est de la douceur lors de la consultation on repassera.
Point positif, elle connaissait une chirurgienne spécialisée dans les opérations des fibromes. Elle m’adresse ses coordonnées ainsi qu’une lettre de recommandation pour prendre rdv.
Juin 2021
Mon 1er rendez vous à l’hôpital a eu lieu courant juin, la chirurgienne se montre très humaine, rassurante et professionnelle.
Son verdict est sans appel, compte tenu de sa taille et des symptômes, elle me conseille fortement de me faire opérer pour l’enlever par le biais d’une incision verticale dans le bas ventre : myomectomie par laparotomie.
Elle m’explique qu’il est placé tout derrière mon utérus, que compte tenu de sa grossesse la position de mon utérus a été légèrement modifiée et qu’il appuie sur ma vessie.
Je n’ai pas été choquée du verdict je m’y attendais. Je ne m’étais pas noyée d’informations sur internet j’avais juste gardé en tête que l’opération pouvait s’avérer indispensable. Un second rendez vous est convenu pour le mois de septembre pour donner mon accord définitif et poser les questions qui ne me seraient pas venues à l’esprit.
Malgré tout, en mon fort intérieur ma décision est prise je veux me faire opérer pour plusieurs raisons :
  • la taille du fibrome qui m’empêche d’envisager une grossesse et qui physiquement a un impact sur ma silhouette (particulièrement sur mon bas ventre)
  • les douleurs qui me plient littéralement en deux et par moment je le sens quand je fais mon sport, il me pèse quand je marche en tout cas c’est la sensation que j’ai,
  • la sensation de lourdeur dans mon bas ventre,
  • l’envie d’uriner quasi fréquente vu qu’il appuie sur ma vessie.
L’opération est prévue pour le mois d’octobre.
Octobre 2021
Je suis particulièrement sereine pendant le mois et demi qui précède l’opération, je me noie pas sous les informations sur internet je me contente des informations données par la chirurgienne. Le stress monte au fur et à mesure que les rdv à l’hôpital s’enchainent : avec l’anesthésiste, rdv pour réserver la chambre …
La veille et le jour J je pleure sans raison je suis littéralement TETANISEE.
La veille alors que je fais ma toilette conformément aux préconisations je pleure, la peur monte je ne me suis jamais faite opérer. La peur de la douleur, la peur de l’acte, la peur des risques secondaires.
Le jour J alors que mon chéri m’accompagne à l’hôpital en voiture je pleure, je rigole, je parle de banalités et je re pleure. Idem quand je m’installe à l’hôpital je demande un calmant mais je ne ressens pas l’effet.
Quand le brancardier vient me chercher dans la chambre et qu’il me demande de me changer c’est le ciel qui me tombe sur la tête la je sus en panique totale, mon corps se met à trembler je pleure comme si j’allais à l’échafaud (rien que d’en parler j’ai les larmes aux yeux) ça a vraiment été une véritable épreuve pour moi.
Me voyant dans cet état toute l’équipe se réunit autour de moi et me rassure, l’anesthésie est faite et je m’endors le sourire aux lèvres d’après ma chirurgienne.
Le moment le plus douloureux finalement ça a été l’expérience en salle de réveil. J’ai fais de la tachycardie s’en est presque comique, dès qu’un membre de l’équipe médicale s’approchait de moi mon cœur s’emballait pour aller jusqu’à 150 battements minute et hop dès qu’il s’éloignait il revenait à la normale.
Je suis restée à l’hôpital 2 jours parce que je l’ai demandé. J’ai fait en sorte de bouger le plus tôt possible suite à l’opération : le soir même je me suis assise sur le lit et j’ai essayé de me lever avec l’aide de l’infirmière. Le second jour au lever je me suis levée. Quelle horreur ! J’ai été prise de vertiges incroyables j’ai failli en vomir.
Je suis quelqu’un de très anxieuse, je me suis donc astreint à marcher au plus vite pour diminuer le risque d’embolie pulmonaire et parce que je savais que je pouvais avoir confiance en mon corps, et lui demander cet effort.
Je déambulait dans les couloirs accompagnée de mon chéri et de ma sœur, c’était extrêmement difficile, mais je faisais l’effort de marcher, 10-15 mn. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais ma cicatrice me faisait tellement mal, enfin mon corps avait mal.
Quand je suis sortie de l’hôpital ça n’a pas été facile, la douleur était toujours présente, et rien dans mon appartement ne me semblait adapté, à chaque fois que je devais m’assoir tout me semblait trop bas et ça me faisait très mal de devoir me baisser autant.
Malgré la douleur je me sentais bien dans ma tête, j’ai pris le temps de me reposer et en même temps de reprendre une vie normale au plus vite tout comme me l’avait dit les médecins. Au fur et à mesure on faisait des promenades de plus en plus longues avec ma sœur. Au bout d’un mois je pouvais à nouveau me promener 1h , 1h30.
Ce que je retiens de cette période post opératoire c’est de la gratitude. Je suis heureuse de repartir à zéro de ne plus avoir ce corps étranger.
Je ressens de la gratitude pour mon corps d’avoir pu supporter cette opération, de m’avoir montré qu’il était là pour moi, et que je devais être fière de lui et prendre soin de lui. Cette épreuve m’a réconciliée avec lui.
Aujourd’hui, 3 mois et demi après l’opération, je vis dans l’inquiétude qu’un nouveau fibrome fasse son apparition. Je tache de prendre soin de moi et changer mon alimentation. Mais j’ai du mal. Les habitudes ont la vie dure. Mais j’y arriverais petit à petit 🙂
Je souhaite à toutes les femmes qui traverse cette épreuve beaucoup de courage et d’être entourées par des personnes qui les aiment.
Écoutez vous, c’est vrai que certains m’ont dit de ne pas me faire opérer car l’opération n’empêche pas le retour des fibromes, mais elle m’a libérée.

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DR . N

Je veux aujourd’hui vous raconter, mon expérience, mon combat mais surtout mon histoire, j’avais 25 ans quand on m’a diagnostiqué mon fibrome, il était déjà assez grand 6 cm, j’étais interne en médecine, le médecin m’a demandé une écho en urgence, tant la masse était assez dure, l’écho révèle un fibrome finalement. J’ai attendu une année avant de me décider à me faire opérer… Les jours passent, les années passent, un jour voulant faire le check-up, le médecin me dit que c’est revenu, que mon utérus est polymyomateux, qu’il y a risque, que je n’aurai pas d’enfants, j étais résidente en pédiatrie, c’est dire que j’ai fait cette spécialité par amour pour les enfants, j’ai senti que la terre s’écroulait en dessous de moi.. J’étais très peiné, et j’ai annoncé ceci à mon fiancé, celui-ci n’a pas hésité à rester, et à partage ce destin incertain, nous nous sommes marié en 2010. Une intervention était faite quelques mois après mon mariage. Dieu merci le médecin a retiré une vingtaine de fibromes et mon utérus a été sauvé…….J’ai eu 2 ans après, pas de grossesse, des analyses ont révélées un rétrécissement des trompes, des effets secondaires des chirurgies que j’ai subit…. Malheureusement pas de chance d’avoir une grossesse normale… J’ai parlé avec mon mari et je l’ai convaincu de recourir la fécondation in vitro car c’est la seule manière, pour pouvoir avoir des enfants, j’ai subit en tout 6 tentatives… Heureusement 2 d’entres elles étaient favorables, et je suis aujourd’hui une heureuse maman de 2 enfants qui sont toute ma vie….

Mon fibrome, “l’envahisseur”, 9 cm, 200g la fibromelle se porte mieux

L’enfer des règles douloureuses

Vous êtes normale, malheureusement c’est cela être une femme” m’avait dit le premier gynécologue que j’avais consulté en griffonnant sur un bout de papier des anti-inflammatoires plus forts pour mes douleurs menstruelles.

Comment voulez-vous qu’une femme puisse se sentir en confiance, écoutée, rassurée quand certains gynécologues ne prennent même pas le temps de vous écouter, de vous examiner afin de découvrir l’origine de vos maux?

J’ai toujours eu des douleurs menstruelles au point de manquer parfois l’école, le travail, de me retrouver à faire des allers-retours, le dos courbé, entre le lit et la salle de bain pour vomir. Seule la douche chaude voire brûlante pouvait me soulager en partie. Les médicaments? Ils me donnaient tous la nausée et finissaient au fond de la cuvette des toilettes à peine ingérés.

Mois après mois, années après années, j’avais fini par m’y habituer tout en appréhendant l’arrivée de ces “maudits anglais”. Si c’était cela être une femme alors je me devais d’être forte mentalement et physiquement car le plus dur à venir c’est l’accouchement, n’est-ce-pas?

Le début des symptômes

Durant l’année de mes 31 ans, en 2019, je notais des changements au niveau de mes menstruations ; elles étaient plus abondantes , je changeais de serviettes hygiéniques aux heures m’obligeant à passer de serviettes régulières à celles de nuit. Les caillots de sang expulsaient littéralement les tampons. Vu que j’avais vu le gynécologue quelques mois auparavant  et qu’il m’avait dit que j’étais “normale”, je mis ces changements sur le compte de la “vieillesse”, sûrement le passage à la trentaine.

Chaque mois, je vivais avec ces nouvelles menstruations, j’adaptais mes sorties, je me changeais régulièrement, je me réveillais plusieurs fois la nuit afin de constater les accidents sur les draps. C’était devenue ma nouvelle routine mensuelle.

Un an plus tard, août 2020, je commençais à avoir une sensation de lourdeur et de brûlure pelvienne, j’avais des envies fréquentes d’uriner la nuit, une petite bosse abdominale apparaissait lorsque j’étais couchée sur le dos et les douleurs lombaires apparues quelques mois auparavant devenaient de plus en plus incommodantes. Le stress au travail lié à Covid, la fatigue due aux préparatifs de mon déménagement de Montréal au Saguenay ont fait que j’ai préféré attendre d’être installée dans ma nouvelle région avant de consulter.

Le diagnostic

Nous sommes début Octobre 2020. J’ai pu avoir un rendez-vous dans une clinique assez rapidement ; après quelques questions, la docteure pense que c’est un problème d’ordre gynécologique.

“Mais êtes-vous sûre de ne pas être enceinte? Votre utérus est très gros , cela pourrait être une grossesse extra-utérine?”, me dit-elle stupéfaite. Je ne savais pas quoi lui répondre tellement j’étais sous le choc. Elle me prescrit alors des prises de sang complètes ainsi que des analyses urinaires. Test de grossesse négatif mais je fais de l’anémie ferriprive causée par mes pertes de sang mensuelles abondantes. C’était donc pour cela que je me plaignais tout le temps d’être fatiguée, que j’étais essoufflée après les randonnées. Trois mois de suppléments de fer et de prises de sang mensuelles en attendant un rendez-vous gynécologique.

Fin octobre, j’ai rendez-vous à l’hôpital pour passer un TACO (une sorte de scan abdominal) : “effet de masse de 9 cm suggestif à priori d’un myome intramural ou sous-muqueux qui déforme la cavité endométriale par rapport à une lésion ovarienne droite. Une échographie pelvienne en gynécologie est recommandée dans les plus brefs délais.”  

C’est à ce moment que l’association Vivre 100 Fibromes m’a été d’une grande aide, ma roue de secours dans ce dédale d’informations. Avant même d’avoir mon échographie pelvienne et vaginale ainsi que mon rendez-vous chez la gynécologue, j’ai pu comprendre mes symptômes, mes maux de toutes ces années et réussi à assembler le puzzle : les douleurs menstruelles, les hémorragies, la douleur pelvienne, les douleurs pendant les rapports, la fatigue, les douleurs lombaires, les ballonnements, la petite bosse… tout était lié à ce fibrome, à “l’envahisseur” tel que je l’avais surnommé. Grâce à l’association, j’avais toutes les clés en main pour prendre une décision éclairée quant à la prise en charge de mon fibrome.

Chirurgie ou HIFU?

Début décembre 2020, le rendez-vous gynécologique et l’échographie arrivent enfin. J’avais les jambes, la mâchoire et la voix qui tremblaient tellement je me sentais impuissante et stressée. Mais pour la première fois, je me sentais écoutée et comprise. La gynécologue décida de me mettre sur la liste prioritaire de ses chirurgies et m’expliqua que l’intervention s’appelait une myomectomie par laparotomie, qu’elle allait faire une petite incision comme une césarienne et enlever cette “boule de neige” qui empêcherait de toute façon tout fœtus de se développer tant le fibrome déformait l’utérus. Vu qu’elle n’avait jamais entendu parler du HIFU, elle me laissa le champ libre de faire mes recherches tout en me conservant sur sa liste prioritaire.

Ni une, ni deux, sur les précieux conseils d’une fibromelle, je montais mon dossier pour le HIFU et envoyais le tout à Bordeaux fin décembre. Vers la mi-janvier, je reçois la réponse : dans mon cas, seule la chirurgie est envisageable. J’étais à la fois déçue de la réponse, soulagée d’avoir eu un deuxième avis mais aussi fière d’être allée jusqu’au bout de mes démarches sans avoir de regret.

Le jour J

Le 4 mars 2021, je reçois l’appel pour ma chirurgie.

Le 8 mars, dépistage Covid et examens pré-opératoires.

Le 9 mars, c’est le jour J. Après une dernière prise de sang et une fois la jaquette de chirurgie enfilée, je me dirige avec l’infirmière jusqu’au bloc opératoire où m’attendent la chirurgienne, la résidente en gynécologie, l’anesthésiste et l’inhalothérapeute. Tout le monde se présente et se montre bienveillant envers moi. L’infirmière me demande d’expliquer dans mes mots l’intervention que je vais subir : “une césarienne mais au lieu de sortir un bébé c’est une masse qu’on va m’enlever”. La gynécologue s’approche alors de moi et me demande si je suis prête. Je lui réponds :“Ai-je vraiment le choix?” Elle me rassure en me disant qu’elle allait faire tout son possible pour que tout se passe bien. Ce sont les derniers mots dont je me souviens avant qu’on m’endorme. La chirurgie a duré environ 1h30.

Je me réveille tranquillement avec quelques nausées. L’infirmière m’injecte un anti-nauséeux et 1h plus tard je suis assez stable pour me transférer en chambre.

Je suis restée à l’hôpital pendant 3 jours avec une sonde urinaire, des fluides intraveineux et une petite pompe de morphine afin de contrôler la douleur. Pour tout vous avouer, après toutes ces années de souffrance, j’étais en quelque sorte conditionnée mentalement et physiquement : la douleur post-opératoire me parut plus supportable.

“2 mois d’arrêt de travail, 1 mois sans rapport sexuel, 6 mois sans essai bébé et accouchement programmé par césarienne obligatoire si je tombe enceinte”. 

Ce sont les recommandations du médecin à la sortie de l’hôpital.

Le retour à la maison a été difficile mais mon copain était là pour tous les petits gestes anodins du quotidien : marcher, se lever, s’asseoir, aller aux toilettes, s’habiller, mettre ses chaussures. Mais de jour en jour, on voyait une nette amélioration et je retrouvais peu à peu mon autonomie.

Conclusion

Bien que la chirurgie puisse comporter des risques, le plus difficile pour moi a été l’attente : l’attente d’un diagnostic, de vivre dans l’incertitude de savoir ce que j’ai pendant des semaines ou des mois. On se fait des films, on joue à Dr google en faisant des recherches sur internet. On se crée des peurs, de l’anxiété. Je pense être quand même tombée sur les bonnes personnes, au bon moment, dans ma prise en charge mais il y a bien une chose qui m’interpelle et me fait réagir :

Si nous savons que les fibromes sont héréditaires, que les femmes n’ayant pas eu d’enfant passé 30 ans ont plus de risques d’en avoir, alors pourquoi ne pas faire des examens préventifs au même titre que les mammographies? Pourquoi attendre que les symptômes apparaissent ou s’aggravent pour en entendre parler des médecins mais aussi de son entourage comme si c’était un sujet tabou?

L’anémie n’est pas banale.

Je n’ai plus de fibrome. C’est une phrase que je me répète, pour me convaincre, pour y croire. Mon fibrome utérin a affecté tous les aspects de ma vie de manière si intense, que je dois faire un effort pour me souvenir de l’avant.

La ligne est floue entre la santé et la maladie. Mes règles ont commencé à changer graduellement il y a trois ans : flux plus abondant et apparition de crampes. À quel moment l’anémie a-t-elle commencé à affecter ma mémoire, ma perception du monde et ma capacité à jouir de la vie? Je ne sais plus. Je me souviens de devoir quitter le travail après deux heures seulement parce que mes vêtements sont souillés. Et de me faire surprendre encore le lendemain, et le surlendemain jusqu’à prendre une journée de congé, épuisée.

Rien de mes activités de repos courantes n’arrivait à ma requinquer. Des vacances: je suis tout autant fatiguée avant, qu’après. Le peu d’énergie qui me restait je le donnais au travail pour ne pas compromettre ma subsistance. Jusqu’à n’avoir plus rien à donner. Jusqu’à ne plus me reconnaître.

J’ai appris que j’avais un fibrome intra-utérin de 3,5 cm à peu près au même moment que j’ai reçu le diagnostic de dépression majeure. Pour moi, fibrome, anémie, dépression sont intimement entremêlés. Les symptômes communs à la dépression et l’anémie sont la fatigue, la perte d’intérêt et de motivation ainsi que la difficulté à se concentrer, à se souvenir, à lire, à prendre des décisions. Bref, la difficulté à mener ses activités habituelles par un épuisement physique et émotionnel.

J’ai arrêté de travailler quelques semaines, disons une douzaine, le temps de m’asseoir, de m’observer et de me comprendre. J’avais besoin de ce temps d’arrêt pour démêler ce qui est lié à la maladie et revisiter ce qui est important dans ma vie. En même temps, j’ai pris soin de moi et appris à ne plus faire de compromis sur ce qui me fait du bien. J’ai porté une plus grande attention à mon alimentation et mes activités physiques. J’ai retrouvé le plaisir de marcher et écouter de la musique et réfléchir.  Plus qu’un moment pour soi, ma marche quotidienne est devenue un point de repère pour évaluer ma santé. En faisant sensiblement le même parcours, je pouvais comparer ma force, mon souffle, mon énergie. Cette habitude est devenue mon ancrage pendant les pires moments. J’ai gardé cette habitude aujourd’hui. Chaque pas fait avec énergie, chaque côte montée sans m’arrêter, est une victoire.

Je me suis relevée de ma dépression au même rythme que le taux de globule rouge dans mon sang. J’ai retrouvé l’équilibre, j’ai repris mes activités. Ce sentiment de prise en main et de confiance m’a aidé à passer au travers de l’année qui a suivi, l’an 2020.

Repenser à la chronologie des événements concernant ma santé l’an passé me donne encore le vertige. C’est naturel de raconter chronologiquement, mais au 2e mois de l’année j’en suis déjà à deux pages, je parle beaucoup de sang, de peur et encore de sang. Je recommence car je veux plutôt parler de persévérance, de ce petit courage qu’il faut rassembler, des petites victoires qu’il faut célébrer et des leçons apprises.

J’ai appris à vivre avec l’anémie qui tout au long de l’année a fluctué en mouvement de yo-yo interminables, en passant par des transfusions sanguine, des nuits à l’hôpital et de meilleurs moments aussi. C’est très difficile à saisir quand elle est causée par une perte de sang quotidienne qui n’est pas encore une hémorragie, mais juste assez pour épuiser ses réserves. De jour en jour, on entre dans un brouillard mental où le temps ralenti. C’est comme être myope sans lunettes, le monde rétrécit. J’ai respecté mes limites, sans les accepter. Des fois, mon optimisme naturel me faisait éviter toute situation où je pourrais être étourdie et je respectais tellement mes limites que je me disais « je vais bien ! » Non, ça n’allait pas du tout, mais je ne le voyais plus. Une fois, j’ai décidé de ne pas aller marcher parce que je me sentais trop fatiguée. À la place, je me suis dit « Tiens, je vais couper des légumes ». Il fallait un cerveau d’anémique pour avoir la bonne idée de manipuler une lame de 10 pouces dans ces circonstances. Un petit bout de doigt tranché et une soirée à l’urgence plus tard, je comprends finalement qu’il n’y a pas d’excuses valable pour ne pas aller marcher et que si je n’en suis pas capable : je vais vraiment mal. C’est là que ma marche quotidienne a pris tout son sens.

Plus je voyais de sang, moins je voulais en voir. J’ai dû réapprendre à porter attention au sang qui coule pour pouvoir le dire aux médecins dans leur langage : combien de serviettes par heure. J’ai dû contrôler mon dégoût profond du sang que j’ai développé à force de nettoyer des vêtements souillés. J’avais tellement peur de tacher mon linge que je courrais à la salle de bain dès que je sentais le sang se déverser, mais je n’avais pas vraiment de moyens d’en savoir la quantité autre que « beaucoup ». Pour contrer les nausées, j’imaginais des papillons pendant que le sang coulait dans ma serviette. Ça l’air simple, mais ça marche. Aussi, il a fallu que je revienne aux serviettes hygiéniques normales : j’étais rendu à utiliser des serviettes pour l’incontinence que j’appelais mes serviettes de Viking (je m’imaginais être capable de traverser l’atlantique sans me tacher). Je les ai réservées pour mes rares sorties en guise de sécurité, en temps de covid on sait que peu de toilettes publiques sont accessibles. Dès que j’ai compris que je ne devais pas seulement gérer, mais aussi mesurer le sang perdu, j’avais moins de sentiment de panique, plus de contrôle et une meilleure communication avec les médecins. Je savais quand me présenter à l’urgence et que j’allais me faire prendre au sérieux.

Moi qui suis d’un naturel timide, je veux juste prendre ma place en ligne sans passer devant personne. Au cours de l’année, dans un contexte d’un domaine de la santé mobilisé contre la pandémie, j’ai appris à utiliser sans modération tous les numéros de téléphone à ma disposition pour avoir des rendez-vous, savoir où en est rendue la liste d’attente, m’informer de l’état de fonctionnement des services. À travers les répondeurs et dédales administratifs, on finit par trouver quelqu’un qui va nous aider en nous partageant une nouvelle information ou en expliquant les nouvelles procédures. Pour avoir été en contact avec une multitude de professionnels de la santé : ils sont là pour aider. Oui, il y a des gens maladroits qui à un moment donné ne voient pas la situation comme on voudrait qu’ils le voient, mais chaque démarche nous approche des personnes qui peuvent nous aider. Eh oui, j’ai été fatigante, mais toujours polie et reconnaissante et surtout, j’ai reçu les soins dont j’avais besoin.

Mon seul regret est de ne pas avoir été assez stratégique dans mes consultations médicales. Quand j’avais besoin d’aller à l’urgence, j’aurais dû aller à l’hôpital où l’équipe de gynécologues est la plus grande et dynamique, au lieu de celui le plus proche. J’aurais dû aller à l’urgence plus souvent aussi, même si ce n’est pas plaisant.

Le 31 décembre 2020, mon fibrome a été retiré dans une opération d’urgence. La procédure ressemble à une césarienne, mais pour enlever une boule de muscle de 7 cm.  C’était ma troisième opération en six mois.

Je commence la nouvelle année par la convalescence physique et mentale. Au fur et à mesure que mon corps se reconstruit, mon esprit reprend contact avec la réalité. Je dois réapprendre à ne plus être en état d’urgence constant, mon amoureux aussi.

C’est avec un optimisme teinté d’appréhension que je vais tenter de répondre à cette question en vivant les prochains mois : qui suis-je sans fibrome ?

Amélie

Une banalité pas banale

J’avais 26 ans quand j’ai su que j’avais un agrume dans le ventre. Mon médecin de famille avait cru bon de me faire passer une échographie pelvienne parce qu’elle sentait une bosse au niveau de mon ovaire droit. Elle m’avait pris la main doucement et m’avait aidée à palper mon propre corps dans lequel se trouvait un fibrome de 5 par 7 cm. « C’est comme un petit pamplemousse, une tumeur bénigne. »  Cette médecin, qui a pris sa retraite depuis, avait jugé bon de me référer à une gynécologue pour un avis sur cette masse, étant donné mon jeune âge, pour évaluer si tout était ok. Un mois plus tard, je rencontrais une médecin gynécologue qui s’était fait plutôt rassurante : « C’est quelque chose de fréquent, on surveille tout simplement étant donné que tu n’as pas de symptômes. On enlève rarement puisqu’il y toujours des risques d’enlever l’utérus en cours de chirurgie et comme tu es jeune… On s’attend à ce que cela grossisse, mais continue de prendre la pilule, cela va stabiliser le fibrome. Je vais tout de même te faire passer une échographie intravaginale, pour bien voir la localisation. Bonne journée. » À cette échographie, quelques semaines plus tard, je me rappelle qu’une infirmière m’avait accompagnée tout le long de l’examen. J’étais dans un hôpital universitaire : une résidente avait conduit l’examen accompagnée de son patron et de plusieurs étudiants. Bien que tout se soit passé dans le respect, je me suis sentie comme un cas d’étude intéressant. L’important, c’est que tous ont pu constater, avec moi, que la localisation du fibrome, assez gros pour mon âge m’a-t-on toujours répété, était bien placé pour une éventuelle grossesse. Soulagement? Je ne sais pas puisque j’étais loin de cette réflexion à l’époque! Chose certaine, à ce moment, je n’avais plus peur, j’étais même fière de porter une telle masse, cela m’impressionnait. Étrange tout de même en y repensant. C’est d’ailleurs à cette époque que j’ai su que ma mère avait déjà porté des fibromes : « J’ai déjà eu ça. » Fin de la discussion puisque c’est une condition banale, non?

Au printemps 2008, j’ai dû appeler l’ambulance, car une douleur au bas du ventre m’a complètement clouée au sol de ma salle de bain. J’ai cru que j’allais mourir, je sentais que l’intérieur de mon ventre se déchirait. Je n’avais jamais senti une telle douleur, vive et subite. À l’arrivée des ambulanciers, je ne ressentais plus rien, la douleur avait passé, mais on m’a quand même amenée à l’hôpital où on m’a fait passer un rayon X. Le médecin a écouté mon cœur, mes poumons, rien en vue. Je suis retournée chez moi, dans l’espoir que cela ne se reproduise pas. Cette douleur n’était pas banale. C’était probablement l’agrume qui prenait de l’espace ou se nécrosait. Cette intense douleur s’est reproduite trois fois à l’intérieur de cinq ans. J’avais l’expérience, je savais que la douleur partirait comme elle était apparue. Une épée de Damoclès planait, mais qui n’en a pas?  Ces douleurs se sont fait rares, mais j’ai souvent eu de drôles de pincements pulsatiles au niveau utérin, je sentais qu’il y avait de la construction dans mon corps que je n’avais pas commandée. Mais la machine humaine est si complexe, c’est normal qu’il y ait du mouvement dans notre corps, non?

Cinq années ont passé, je n’avais toujours aucun symptôme propre au fibrome en 2011. Ma nouvelle médecin de famille a trouvé bon de me faire passer à nouveau une échographie de contrôle, afin de s’assurer que tout allait bien pour ma santé utérine. On était rendu à 10 cm. Je le sentais un peu plus, évidemment, mais « on surveille », c’était le mot d’ordre. Fin de la discussion puisque c’est une condition banale, non? Je continue de prendre la pilule, tout simplement.

Cinq années ont passé, 2016 avait sonné et, sans avoir de symptômes totalement incommodants, j’avais à l’occasion des règles très abondantes, très gérables malgré tout. J’étais de plus en plus inconfortable couchée à plat ventre jusqu’à ne plus être capable de rester sur une table à massage ou dans certaines positions de yoga. Longtemps debout, je ressentais une certaine lourdeur et j’avais mal dans le bas du dos. Si j’éternuais assise, je pouvais avoir de petites surprises urinaires; si je faisais de la danse aérobique, j’évitais tous les sauts… Finalement, avec le recul, j’avais des symptômes que je n’aurais pas dû considérer comme normaux. Ce n’était pas banal.

En 2017, je savais que le fibrome avait pris de l’ampleur, je le sentais très bien sans vraiment comprendre qu’il était rendu très gros. Une amie médecin m’avait dit qu’il y avait maintenant un médicament, le Fibristal©, qui faisait rétrécir les fibromes. J’ai eu un espoir de voir disparaitre à jamais ce satané intrus utérin. À mon rendez-vous annuel, j’ai vu dans l’attitude de mon médecin, lors de l’examen gynécologique, que c’était très gros, trop gros. Elle m’a prescrit le Fibristal©, une échographie et une requête en gynécologie. L’échographie a montré que le fibrome était rendu à près de 18 cm. J’avais, malgré tout, l’idée que ma condition était banale, qu’on n’enlevait pas la tumeur à moins de symptômes importants… Et la gynécologue rencontrée m’a auscultée et m’a dit : « Oh, votre fibrome est très gros… Il faudrait l’enlever. Ça devient très lourd pour l’utérus, si vous voulez des enfants, il faut que l’utérus ait le temps de guérir. Je pourrais vous mettre sur la liste de priorité, dans deux mois, je pourrais vous opérer. Vous continuez le Fibristal© pour trois mois. » Choc. Je n’étais pas préparée à ça. J’ai demandé s’il n’y avait pas d’alternatives, « non, malheureusement ». J’ai demandé si je pouvais refuser la chirurgie, « oui, mais votre fibrome va grossir et en attendant, vous risquez une plus grosse opération. » La gynéco m’a donné rendez-vous trois mois plus tard, pour me laisser le temps de réfléchir. Je n’étais tellement pas prête à vivre l’opération… et j’ai tellement pleuré en revenant chez moi. J’ai laissé des traces de mascaras sur le t-shirt de mon chum.

Une semaine a passé et j’ai développé une anxiété généralisée. Je ne pensais qu’à la salle d’opération, je pleurais, je me sentais si mal, je voulais mourir. J’avais un voyage de planifié avec mon amoureux… Nous sommes revenus le lendemain du départ, je ne dormais plus, je n’étais plus moi-même, j’avais perdu ma personnalité. À ma clinique sans rendez-vous, une médecin extraordinaire, tellement à l’écoute, m’a prescrit des antidépresseurs et une requête pour une gynécologue qu’elle connaissait de réputation pour ses compétences en chirurgie minimale, la moins invasive possible. Ce 2e avis m’a rassurée dans la mesure où la chirurgie n’était pas une urgence, que je pouvais m’y préparer. C’est là que j’ai vu ma vie et la maladie prendre un autre tournant.

J’ai commencé une psychothérapie et j’ai fait des recherches pendant tout l’été sur les fibromes utérins. J’ai scruté des articles scientifiques jusqu’aux remèdes miracles sur Pinterest pour me faire une tête sur ce qui existait pour le traitement des fibromes utérins. J’ai lu des ouvrages que j’ai commandés sur Internet, j’ai photocopié des chapitres complets de livres de référence à la bibliothèque, je suis devenue végétalienne. C’est là que j’ai compris que les fibromes, bien qu’il y ait probablement des facteurs génétiques en cause, étaient le symptôme de bien des variables du mode de vie. Et ça, j’en suis convaincue. Je suis tombée sur le traitement des fibromes utérins par ultrasons focalisés et sur le blog de Fibromelle. Quelqu’un m’avait entendue. Un Fibrome Day aurait lieu en novembre, je reprenais peu à peu ma vie et mes espoirs en main. Merci à mon amoureux Jonathan et à Aïssatou, mes sauveurs.

Cet été 2017 a été un moment de grande détresse psychologique, trouble de l’adaptation avec anxiété sévère m’a-t-on diagnostiqué, mais ce fut un état qui m’a permis de déployer tous les possibles, d’apporter des changements positifs dans mon mode de vie, mon nouveau bien-être. J’aurai investi temps et argent, mais je peux dire qu’aujourd’hui, en 2020, je suis guérie, d’une certaine façon. J’ai découvert le mot Prévention avec un « P » majuscule et la force d’une médecine intégrative. La liste de mes nouveaux alliés est longue, mais c’est ce qui m’aura permis de me rétablir et de continuer à développer mon autonomisation : psychologue, acupunctrice, herboriste, naturopathe, hypnothérapeute, ostéopathe, yoga thérapeute, nutritionniste, kinésiologue et Vivre 100 fibromes. Avec ces nouveaux alliés, j’aurai même eu des références pour un 3e et 4e avis médicaux. Je n’étais toujours pas prête à utiliser le bistouri, phobie de la chirurgie et de la douleur. Je trouve courageuses celles qui auront choisi cette option.

À travers toutes les thérapies complémentaires, j’ai tenté d’être régulière dans l’activité physique modérée (plus difficile durant la pandémie!), de réduire le stress avec la méditation, de manger d’une façon optimale, de couper l’alcool. Et mes recherches sur les ultrasons focalisés m’ont menée jusqu’à Bordeaux, en France, après quelques demandes pour des essais cliniques en Ontario et une constatation des prix exorbitants aux États-Unis. Au CHU de Bordeaux, j’ai pris rendez-vous en radiologie interventionnelle, pour juillet 2018. La facilité de la préparation de mon dossier, de l’efficacité du personnel de l’hôpital et de l’organisation de mon voyage en tourisme médical m’émeut encore. Je sais que les résultats n’étaient pas assurés, mais j’aimais le slogan « No incision my decision ». Mon expérience de santé à Bordeaux fut parfaite, malgré la sonde urinaire installée de peine et de misère, le traitement fut un vrai succès. Bien que ce fut long (quatre heures éveillée dans un appareil d’IRM), les ultrasons ont brûlé une grande partie de la tumeur. Je visitais la ville du vin le lendemain matin. À ce jour, le fibrome a diminué de plus de 50% et continue de régresser. Fin de la discussion. Ce n’est pas banal, c’est un traitement qui mérite d’être connu et d’être accessible.

Depuis mars 2018, je m’implique au sein de Vivre 100 fibromes parce que je suis personnellement touchée par la maladie, parce que j’ai le goût d’échanger sur cette condition qui n’est pas banale et parce que je veux contribuer à faire avancer cette cause. Entre une tasse de thé vert et une séance de yoga, je veux aider d’autres femmes qui vivent avec la maladie à prendre un tournant positif.

Devenez des ambassadrices de votre santé

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas écrit un article dans le blog Fibromelle. Je pense que la dernière fois que j’ai utilisé ma plume pour parler de mon expérience « fibrome » remonte à quelques années avant mon intervention chirurgicale qui a eu lieu en décembre 2018 au CHUM en plein hiver.

Avec mes responsabilités de présidente et mon poste d’infirmière aux urgences, j’ai dû mettre de côté mes histoires personnelles au profit de la fondation Vivre 100 fibromes à laquelle je consacre toute mon énergie bénévolement, comme un travail à temps plein, avec son lot d’heures supplémentaires non payées, qu’elles soient de jour, de soir ou durant le weekend.

Beaucoup de choses se sont passées depuis la création du blog jusqu’à aujourd’hui : des collaborations interprofessionnelles se sont créées, des activités d’information ont vu le jour, de jeunes bénévoles ont donné un nouveau visage à l’organisme (merci bénévoles en affaire), une clinique de fibrome a été mise sur pied pour permettre à des femmes de consulter un gynécologue spécialisé plus rapidement et, surtout, de très belles relations humaines se sont développées autour de ce formidable projet de vie.

De plus, Vivre 100 fibromes est devenu une fondation depuis janvier 2020. Cela permet une belle reconnaissance par le gouvernement canadien dans la promotion de la santé des femmes atteintes de fibrome utérin, au niveau national, afin de nous aider dans notre mission, car être reconnu comme tel permet à l’organisme d’émettre des reçus d’impôts à des donateurs à travers un numéro de charité.

Pourquoi je décide maintenant d’écrire ces quelques lignes ? Parce que je sens que je trouve enfin du temps pour me détacher des contraintes administratives pour parler de ce que j’aime réellement faire en aidant les femmes à travers mon expérience et mes connaissances acquises au fil du temps.

Retour en arrière, juste après m’être fait opérer de mes 17 fibromes utérins, je pensais qu’avec leur retrait que tout allait se remettre en place physiquement et mentalement… Et bien non, même si l’intervention s’est très bien passée, je garderai cela dans ma tête comme une forme de traumatisme durant toute ma vie, tant que nous n’aurons pas trouvé la véritable cause de ce problème qui touche de nombreuses femmes et parce que ma cicatrice en bas de mon ventre, que je regarde tous les jours, sera toujours présente pour me rappeler cet épisode de ma vie.

Au lieu de fermer définitivement la page du chapitre « je vis enfin sans fibrome », j’ai décidé de poursuivre l’écriture de cette histoire en continuant davantage à travailler sur la fondation : cela m’aura donné encore plus d’énergie pour me battre et pour faire avancer cette cause pour les femmes qui en sont atteintes. J’aurais pu jeter l’éponge depuis bien longtemps pour me concentrer sur un autre projet de vie, après tout, j’avais atteint mon objectif, mais je savais pertinemment que cette cause allait devenir ma mission de vie, cette cause m’avait choisie et il fallait que je m’y fasse bon gré mal gré. Cette opération…je prendrai le temps de raconter en détail la chirurgie dans les moindres détails dans un autre chapitre.

Avec le temps, j’ai appris que ma santé ne dépendait pas uniquement de fibrome utérin mais d’un ensemble d’éléments physiologiques pour me maintenir en forme afin d’éviter d’autres problèmes de santé et d’apprendre sans cesse sur moi en améliorant mon hygiène de vie, en trouvant un équilibre. Le mot prévention fait partie de mon quotidien désormais : prévenir avant de guérir; prévenir avant de soigner; prévenir avant d’opérer.

Je pense que mon corps ne me permettra plus de le négliger encore une fois comme je l’ai fait dans le passé. Je fais partie de ceux et celles qui n’ont plus le droit à l’erreur avec toutes les connaissances que j’ai intégrées durant les dernières années.  Mais même après mon opération, je me reposais sur mes acquis, je pensais que j’avais fait le plus gros du travail, mais cela était une erreur, je me cherchais toujours des excuses pour ne pas faire de changement concernant mon hygiène de vie. « Je travaille trop, mon ventre post chirurgie est dû à mes fibromes, je suis trop épuisée pour faire du sport, etc. »

Malgré mes petits changements alimentaires et sportifs, j’adoptais la loi du strict minimum, mais il fallait aller plus loin dans le no pain, no gain. Il fallait enfin que je me batte pour ce que j’avais de plus précieux au monde : MOI. C’est ainsi que j’ai réalisé mon premier 15 kilomètres en avril de cette année parce que j’avais décidé de ne plus trottiner mais de véritablement courir pour préserver ma santé. Ce fut l’élément déclencheur pour aller de l’avant et pour travailler sur une meilleure version de moi-même sur plusieurs plans : physique, psychologique, social et spirituel, et ce, en repoussant sans cesse mes limites.

Je commence aujourd’hui à récolter les fruits de mon travail sur mon corps, mais surtout sur mon mental, car à travers les petites actions que j’ai mises en place pour avancer, je sens que j’ai enfin un contrôle sur ma santé et, surtout, sur ma vie dans sa globalité.

Cela prend beaucoup de temps et de courage avant de décider de passer concrètement à l’action afin de changer ses habitudes de vie pour un problème de santé autant banalisé dont on ne connait pas réellement les causes. Certes, il y a des choses que nous ne pouvons modifier telles que notre couleur de peau, notre âge ou notre génétique, mais nous pouvons contrôler certains facteurs comme notre prise en charge à travers l’information et l’éducation. Par exemple, s’informer, c’est connaître les perturbateurs endocriniens pour mieux les éliminer ; s’éduquer, c’est apprendre sur la saine alimentation pour optimiser sa santé.

Le fibrome utérin n’est pas une fatalité lorsque nous décidons d’aller de l’avant et de prendre les choses en main quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons. Parfois, je me dis que ces fibromes étaient peut-être la meilleure des choses que j’ai eues malgré toute la souffrance que j’ai pu vivre à travers des symptômes très handicapants durant de nombreuses années. Je vois cela désormais comme une bénédiction pour mieux prendre soin de moi.

J’apprends maintenant les joies d’avoir un cycle menstruel régulier, sans douleur, sans prise de médicament, sans bouillotte chaude : une réalité que je voudrais crier haut et fort tellement cela tient du miracle d’un point vu personnel. J’apprends également les joies de suivre mon calendrier cyclique à travers la méthode symptothermique, les joies de sentir mes abdominaux en contractant mon ventre, d’apprécier mon nouveau moi dans le miroir en observant une silhouette se dessiner à nouveau, les joies de manger sainement en ne voyant plus de privation, mais des bénédictions en buvant tout simplement, à mon réveil, de l’eau citronnée accompagnée de compléments vitaminés. Qui aurait cru que ma période de règle allait devenir un moment de repos et de qualité pour prendre soin de moi en étant à l’écoute de mon corps ?

Je souhaite le bonheur que je ressens actuellement à toutes ces fibromelles qui sont en difficulté sur le plan physique à l’approche de leurs menstruations, qui attendent de régler leur problème de fertilité ou qui veulent, tout simplement, retrouver la forme et l’énergie comme auparavant.

Je remercie Dieu, car je me sens également très bien entourée à travers le soutien des fibromelles qui ont également connu les mêmes défis que les miens : je peux parler facilement d’activité physique avec une membre, d’alimentation avec une autre ou de fertilité, menstruation, méditation, gestion du stress, sexe, estime de soi ou d’autres problèmes dont nous n’oserions pas parler à tout le monde, même pas à notre mère !

J’ai pu m’entourer, à chaque étape de la création de l’organisme, de personnes qui avaient la même envie que moi de faire quelque chose pour la cause, si ce n’est que pour donner une identité à Vivre 100 fibromes, un sens, une équipe et une vision. Je le dis toujours, cela tient du miracle de continuer à exister sans la présence de financement, mais il faut bien avancer, car je sais pertinemment que nous sommes sur la bonne voie. Nous pouvons aider concrètement à faire de cette maladie un enjeu de santé publique sur un plan national comme international et définir un modèle de santé à travers une approche holistique concernant le fibrome utérin en apportant des solutions concrètes aux femmes.

Merci Vivre 100 fibromes pour tout ce que tu m’apportes dans ma vie au quotidien et dans celles des autres femmes que nous avons pu déjà aidées par un conseil, une écoute, un soutien, une référence malgré les obstacles et les défis. Je reste convaincue que les choses se feront d’elles-mêmes avec l’aide de Dieu, des membres, des donateurs, des organismes et des professionnels.

Es-tu prête à te prendre en main ?

Fibromellement,
Aïssatou Sibidé.

Fibromes et adhérences : une combinaison qui a failli me coûter la vie.

Je me surnomme « victime des adhérences » et vous allez comprendre pourquoi. Comme plein de femmes, j’ai eu un fibrome asymptomatique pendant 4 ans, mais dans l’espace de 3 mois, ma vie a basculé.

À la découverte des menstruations tant attendues.

Tout a commencé par une simple envie d’avoir mes menstruations, à l’âge de 12 ans. Contrairement à la majorité de mes copines, j’étais en retard. Toutes mes prières ne demandaient que ça. Elles furent entendues, mes règles sont arrivées! Et croyez-le ou non, j’ai tout de suite regretté. Mais je ne me suis pas découragée, car, depuis ce jour, j’ai recommencé à prier pour qu’elles ne reviennent plus.

Six mois après mes premières règles, me voilà chez le gynécologue avec ma mère pour demander à ce monsieur de m’aider. Tout ce dont je me rappelle sont des médicaments à prendre durant mes menstruations.

À la découverte des adhérences suite aux césariennes.

À 27 ans, je suis tombée enceinte de mon premier enfant. J’étais tellement contente de ne pas être menstruée que je ne ressentais aucune nausée. Aucune! Après l’accouchement, j’étais en forme olympique.

Durant mon deuxième accouchement, le médecin qui me regardait à travers le rideau me séparant de lui me dit :

  • Vous cicatrisez trop mal. Si jamais il y a une autre grossesse ce sera compliqué.
  • Pourquoi?
  • Parce que vous avez trop d’adhérences.

En plus de mon anesthésie, c’était assez pour la journée! Pourquoi disait-elle ça alors que ma première cicatrice était très belle?

10 mois plus tard, je me suis retrouvée dans son bureau, accompagnée de mon deuxième bébé dans la poussette et d’une troisième grossesse d’un mois.

  • Tu ne dois pas tomber enceinte, tes adhérences sont compliquées, me dit-elle
  • Pourtant ma cicatrice est belle, presque invisible! D’ailleurs je vous en remercie, répondis-je.

Selon elle, j’étais supposée savoir. Elle était convaincue qu’elle me l’avait dit durant l’une de mes visites. Quand? Parlait-elle de la phrase qu’elle m’avait dit derrière le rideau vert quand elle avait le bistouri dans ses mains, 10 mois plus tôt? Avait-t-elle oublié que j’étais sous anesthésie? Pensait-elle vraiment que cette phrase allait me revenir à l’esprit au moment de concevoir mon 3ème enfant?

Bon avec mon air innocent, elle a compris qu’on n’était pas sur la même planète. Je suis donc sortie de son bureau spécialiste en adhérence. Comme Google était déjà né, j’ai continué mes cours chez moi. Les adhérences, ce sont les connexions fibreuses anormales qui se créent après une opération (dans mon cas des césariennes) en reliant ensemble des organes normalement séparés tels que l’utérus, les ovaires, la vessie ou encore la paroi abdominale. Dans mon cas, tout ce qui est dans mon abdomen est bien roulé ensemble; un bon nid d’abeilles.

 

Source : http://www.adherences-chirurgie.fr/quest-ce-que-cest/definition/

 

Lors de mon troisième accouchement en 2006, il y a eu des complications. Ma cicatrice saignait et ma gentille gynécologue me rappelait la cause : mes adhérences. 10 jours plus tard, j’ai quitté l’hôpital avec mon dernier bébé dans les bras et la décision de ne plus en faire d’autres.

À cela s’ajouta un fibrome intra-mural de 6 cm, puis 9 cm et enfin 12 cm.

À partir de 2012, mes menstruations devenaient de plus en plus abondantes. Mais j’ignorais les signes. Menstruation abondante, cela avait toujours été ainsi. Vous vous rappelez de ma visite chez le gynécologue à l’âge de 12 ans; 30 ans plus tard, j’ai recommencé mes prières, cette fois-ci pour que la ménopause arrive.

En 2014, 8 ans après mon dernier accouchement, mon médecin de famille m’a appelé d’urgence, car d’après les résultats de mes prises de sang, mon hémoglobine avait baissé de façon drastique. Étant de catégorie anémique, j’ai été voir mon hématologue. Oui j’en ai un! Il m’a envoyé faire d’autres tests. Le verdict est tombé.

  • Lui : “Vous avez un fibrome « INTRA-MURAL » de 6 cm.”
  • Moi : “C’est lui le coupable. OK. “
  • Lui: “Il faut le faire enlever.”
  • Moi : “Ok …euh par Qui?”
  • Lui : “Votre gynécologue”

 

Source : http://www.ch-belvedere.fr/chirurgie/chir_gyn/chir_fibromes/chir_fibromes.asp

 

Mon gynécologue, qui m’avait fait un cours intensif sur les adhérences quelques années auparavant, me dit qu’elle ne pouvait pas m’opérer à cause de mon taux d’anémie. Selon elle, c’était trop risqué: pas de sang et les adhérences. Elle comptait sur ma ménopause qui était supposée arriver d’un moment à l’autre. Comme j’avais 41 ans, elle me proposa une autre solution.

Attachez vos tuques, car ça ne fait que commencer.

Elle me prescrit le Fibristal. Ce médicament magique était supposé diminuer la taille de mon fibrome.

J’avais ma combinaison de Fibristal et mon fer à prendre. Un cocktail non dérangeant tant que c’était pour 3 mois. Trois mois plus tard, les résultats de l’échographie ont montré que mon fibrome était passé de 6 cm à 9 cm. Oui, 9 cm et non 0.9 cm! Mon gynécologue m’a transféré chez une spécialiste de fibromes utérins que je vais nommer Mme Isabelle.

Dès ma première rencontre, j’ai adoré Mme Isabelle. En lisant mon dossier, elle semblait moins alarmée que mon médecin de famille, mon hématologue ou ma gynécologue. Son verdict était le même : une opération causerait plus de dommages. Elle me recommanda d’installer le stérilet Mirena, puis de réessayer le Fibristal de temps en temps en attendant la ménopause.

Motivée, je me disais que comme Dieu avait entendu mes prières pour mes premières règles, il allait aussi entendre celles adressées pour ma ménopause. Ce que je ne savais pas, c’était que les 6 premiers mois de Mirena allaient être une montagne russe de caillots. Même mes tampons ne restaient plus en place. Ils étaient éjectés. Dr Isabelle me rassura. Elle avait raison car 6 mois plus tard, tout rentrait dans l’ordre.

Un an plus tard, j’ai reçu un appel du bureau de Dre Isabelle pour me signifier qu’elle ne faisait plus de pratiques. Il me fallait trouver un nouveau médecin. Pas d’urgence, le Mirena fonctionnait. Mon taux d’hémoglobine avait monté. Mon hématologue était plus content que moi. Mon ancienne gynécologue n’avait pas de places. Mon fibrome continuait de grossir, passant de 9 cm à 12 cm en 2018. Mon médecin de famille me suivait de près. Tout semblait sous contrôle. Il fallait me trouver un autre médecin, mais les gynécologues on ne les trouve pas au coin de la rue.

 

Suivi de crises hémorragiques … en route pour le cocktail gagnant.

Un bon matin d’automne 2018, je me suis réveillée pour aller travailler. Cela faisait deux semaines que j’avais eu mes dernières menstruations. Ce matin-là, un flot de sang coulait comme un robinet et traçait une belle ligne rouge partout où je passais.

Quand ma deuxième « serviette de plage » a commencé à être imbibée, j’ai appelé Info-Santé (811). La personne en ligne, après quelques questions, me confirma que je faisais une hémorragie. Elle a appelé une ambulance. Il était 7h00 du matin et l’embouteillage allait empêcher mon mari d’arriver à l’hôpital avant que mon corps ne se vide.

Les ambulanciers m’ont trouvée assise sur le bol de toilette. À 7h30, j’arrivai à l’hôpital. Tout le monde criait autour de moi comme des fous, essayant d’arrêter le sang qui trempait mon dos malgré les cotons et couvertures très absorbants que les ambulanciers avaient placés en dessous de moi. Trop bruyant pour moi; j’ai perdu connaissance!

Je me suis réveillée trois heures plus tard. Le médecin m’informa que j’avais perdu trop de sang, mais que la transfusion avait été évitée. Le lendemain, après avoir su que tout ceci était peut-être dû à mon fibrome, j’ai regagné la maison avec trois choses :

  1. Un arrêt médical de sept jours
  2. Un bon sac de médicaments
  3. Un papier pour revenir faire l’échographie

Une semaine plus tard, j’étais dans l’auto à côté de mon mari, assise sur ma troisième «serviette de plage », en route pour l’hôpital. On m’informa que selon la dernière échographie, mon fibrome avait atteint 12 cm. Le médecin qui était de garde trouvait mes hémorragies anormales. Il voulait tout savoir sur mon utérus. Je lui ai raconté toute l’histoire, et que depuis l’été, chaque mouvement (course, saut à la corde…) que je faisais me causait des saignements inter-menstruels

Il m’informa que lui non plus ne comptait pas m’opérer car mes adhérences étaient dangereuses. Il avait reçu mes anciens dossiers des autres gynécologues. Il me proposa une embolisation (procédure, sans intervention chirurgicale, qui arrête la circulation sanguine dans les artères utérines entraînant la nécrose tissulaire et le rétrécissement du fibrome). J’ai eu congé d’hôpital avec trois nouvelles choses:

  1. Un arrêt médical de dix jours
  2. La prescription du Fibristal
  3. Une référence pour prendre un rendez-vous pour l’embolisation dans un autre hôpital où ce service est offert

Début- octobre : hormones pour la ménopause et arrêt médical illimité

Mon arrêt médical de dix jours n’a servi à rien. J’ai eu d’autres visites à l’hôpital.

Les médecins ne savaient plus quoi me donner. Toujours la même procédure.

Cette fois-ci, début octobre, il y a eu une variante. Ma nouvelle gynécologue (ils ont fini par m’en attribuer une) a décidé de prendre le taureau par les cornes. Elle m’a regardée droit dans les yeux et m’a cité tous les changements comme suit :

  • Premièrement, vous ne retournerez pas travailler tant que ce n’est pas réglé 
  • Deuxièmement, on va vous enlever le stérilet
  • Troisièmement, on arrête le Fibristal.
  • Finalement, on commence les hormones pour vous mettre en ménopause forcée

Mon Fibristal et Miréna ont cédé la place à aux hormones, pilules de différentes couleurs. J’étais très contente et rassurée. Les bouffées de chaleur valent mieux que les hémorragies.

 Mi-octobre 2018 : infection de l’utérus

Malgré mes pilules de couleurs, j’ai eu deux autres crises hémorragiques en moins de deux semaines. Ma gynécologue décida de me faire une biopsie pour s’assurer que ce n’était pas le cancer de l’utérus ou des polypes. Le résultat était négatif. Au moins une bonne nouvelle.

Cinq jours après la biopsie, j’étais de retour à l’hôpital pour une autre raison : une douleur atroce au bas ventre. Les tests ont été faits. Résultat : infection de l’utérus attrapée lors de la biopsie. J’ai eu des antibiotiques pendant 20 jours sans aucun effet. L’infection s’aggravait. J’ai donc été hospitalisée pour suivre un traitement intraveineux.

 

L’hystérectomie, ma délivrance.

Une semaine après mon hospitalisation, les médecins n’avaient toujours pas trouvé un remède permettant de contrôler mon infection. On ne parlait plus de mes hémorragies qui continuaient de faire rage.

Pendant mon hospitalisation, j’ai passé un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Résultat : trois autres fibromes étaient cachés derrière le plus connu de 12 cm.

Une fibromelle, membre du Conseil d’administration de Vivre 100 Fibromes, m’a proposé de me mettre en contact avec le Dr. Ziegler, Gynécologue Obstétricien à l’hôpital Juif à Montréal, afin de demander un deuxième avis. Ce dernier a accepté de me rencontrer, mais j’étais hospitalisée dans un autre hôpital où il ne pratiquait pas. Quand j’ai informé ma gynécologue, elle était d’accord de me laisser quitter l’hôpital pour aller voir Dr Ziegler. Elle avait hâte d’avoir son point de vue.

Mi-novembre, je l’ai rencontré dans son bureau à l’hôpital juif à Montréal. J’étais dans un état pitoyable. J’avais perdu plus de 20 kg en moins de 3 mois. Dr Ziegler m’a informée que la solution serait l’hystérectomie pour deux raisons :

  1. Mon fibrome était trop gros pour une embolisation.
  2. Trois autres fibromes attendaient que le plus gros cède la place pour qu’ils puissent grossir.

Le problème était de trouver un médecin qui accepterait de m’opérer. Depuis 2016, je passais de gynécologue à gynécologue. Quand il a constaté mon désespoir, il a accepté de m’opérer. Mon opération devrait avoir lieu en janvier 2019; c’était le plus tôt, vu sa liste d’attente.

Il m’a donné un rapport que j’ai ramené avec moi dans ma nouvelle demeure (l’hôpital où je passais plus de temps depuis septembre et où j’étais hospitalisée). J’ai eu congé d’hôpital grâce à ses recommandations, deux jours plus tard. J’allais passer les fêtes avec ma famille et retourner en janvier 2019 me faire opérer par Dr Ziegler.

Fin-Novembre 2018: dernière rechute et hystérectomie

Une semaine après avoir rencontré Dr Ziegler, j’ai eu une rechute. Mes hémorragies ont recommencé de plus belle malgré ma liste des médicaments qui s’allongeait chaque semaine.

Mon corps n’en pouvait plus. Mon cas devenait de plus en plus critique. Ma date d’opération a été devancée. Finalement, j’ai eu une césarienne-hystérectomie à la fin de novembre 2018. Un travail de moine qui a duré plus de 5 heures. Pas de perforation, ni à la vessie ni aux intestins. Ce que les autres craignaient. J’ai gardé mes ovaires, ce qui m’empêche d’avoir les fameuses bouffées de chaleur, en attendant que la réalité me rattrape.

J’ai passé Noël 2018 et le nouvel an 2019 en convalescence qui a duré trois mois.

Source : http://be.fibroidsconnect.com/options-de-prises-en-charge/procedures-chirurgicales/hysterectomie/

Conclusion

Personnellement, j’aurais aimé rencontrer un médecin qui aurait accepté de m’opérer deux ans plus tôt. Quant à mes adhérences qui étaient la raison principale du refus d’opération, je vis bien avec. Ayant eu ma quatrième césarienne, sans enfant, j’imagine qu’elles ont proliféré dans mon abdomen. J’ai un bon ostéopathe qui les remet en ordre le mieux qu’il peut.

Un an plus tard, j’ai repris toutes mes activités sportives incluant le saut à la corde.

Merci à l’équipe de Vivre 100 fibromes qui m’a référée à Dr Ziegler et à ce dernier de m’avoir sauvé la vie.

Mounia, 30 ans, ma grossesse, mon miracle.

Bonjour, mon nom est Mounia, je suis Française d’origine béninoise, j’ai 30 ans, et j’ai un utérus fibromateux. Tout a commencé il y a un an et demi, quand j’ai subitement commencé à avoir des vertiges, des ménorragies (règles anormalement abondantes et plus longues) et des dysménorrhées (douleurs pendant les menstruations), plus importantes que durant ma puberté. J’ai donc consulté un gynécologue et le diagnostic de fibrome utérin a été posé. Le gynécologue m’a prescrit des comprimés à base de fer pour prévenir une anémie et je continuais d’atténuer mes douleurs menstruelles avec une bouillotte chaude, car je suis une « anti-médoc ». 

Un moment de répit : de courte durée 

Au fil des mois, j’ai presque oublié mes fibromes. Un autre mal est venu perturber mon quotidien : une entorse lombaire. Celle-ci a provoqué des douleurs aiguës et insoutenables qui m’empêchaient de marcher correctement, de dormir, et qui moralement, m’ont lessivée. J’ai donc dû consulter une généraliste en privé qui m’a référée à une gynécologue. Celle-ci, en me faisant faire plusieurs examens, a pointé du doigts mes fibromes en m’expliquant qu’il serait difficile de procréer (bien que pas impossible) et qu’il était important de faire un suivi pour vérifier leur évolution. 

Ma grossesse, mon miracle 

Un mois plus tard, lors d’une séance d’entraînement en salle, je suis prise par un violent vertige qui me fait perdre l’équilibre. Inquiète (mes menstruations étant proches), je me demande si je fais de l’anémie. De ce fait, j’attends quelques jours pour observer ce qui se passe, mais elles ne viennent pas … 

Dix jours après la date prévue de mon cycle menstruel, je décide de faire un test de grossesse : il est positif. Je suis enceinte. 

Une grossesse sous surveillance

Je reprends contact avec la gynécologue en pratique privée. Surprise,elle m’explique que c’est une bonne nouvelle mais que rien ne garantit que je passe les 12 premières semaines sans perdre le bébé. 

Je suis ensuite référée à un gynécologue proche de chez moi qui, 12 semaines plus tard, m’explique que la grossesse est à risque car mes fibromes ont grossi. J’en ai six, dont un qui fait la taille de mon utérus. 80% de chance que j’accouche par césarienne. C’est déconcertant toutes ces informations en même temps lorsqu’on porte le miracle de la vie en nous. Mais je m’accroche à ma foi et surtout, je sors complètement de ma routine : j’arrête toutes mes activités sportives, je ne sors plus, je fais attention à ce que je mange pour ne pas prendre de poids en excès. Et les journées se résument à aller au travail et rentrer dormir. Je dors beaucoup, je mange santé et je bois énormément d’eau.

Durant mon 5ème mois, je revois mon gynécologue pour planifier un voyage à Paris. Après une échographie improvisée, il m’annonce que bébé se présente par le siège mais va très bien, et que mon grand fibrome a grossi mais n’affecte en rien ma grossesse. On me recommande des bas de contention, sans plus. J’ai le droit de prendre l’avion. Mon séjour se passe bien, de retour dix jours plus tard, je planifie une nouvelle rencontre avec mon gynéco où l’on détermine nos prochaines rencontres et la date de la césarienne : 18 juin 2019. 

Le 8ème mois commence. Ma mère est arrivée, j’entame mes derniers jours au travail et je sens que mon petit loup descend. Mon ventre est gros, lourd, le sommeil difficile mais je garde ma bonne humeur. Nouveau rebondissement : essayer de tourner Kiyam pour qu’il ait la tête vers le bas … Échec. Le fibrome dominant empêche la tête de mon fils de passer. 

15 juin 2019 : un réveil de fin de grossesse normale, une journée planifiée avec maman, mon conjoint arrive de Paris dans la soirée, la journée commence. Vers 13h, je sens une douleur intense qui me secoue violemment mais qui ne laisse rien transparaître selon ma mère, du moins pas assez pour que j’accouche. Une heure plus tard, une autre douleur au dos sous la douche et maman me dit de faire vite pour ne pas perdre les eaux si le processus commençait. Finalement pendant nos courses mes contractions commencent et s’accélèrent. À 17h30, je me retrouve à la maternité de St-Mary, je suis dilatée à 4 cm. L’équipe me prépare pour le bloc opératoire, mon conjoint vient d’atterrir et arrive vers 18h, je suis à 6 cm, on rentre au bloc… 

Kiyam est né à 19h45 ce 15 juin 2019. 

Je suis reconnaissante et bénie. Il y a la force de la médecine, la force personnelle, mais surtout, la force Divine. 

— Mounia 

Cathia, je suis une survivante qui a fait le choix d’une hystérectomie.

Bonjour, je m’appelle Cathia. Je suis une survivante.

Cela faisait une semaine que j’avais des menstruations très abondantes. Je savais que c’était dû aux fibromes que j’avais depuis des années. À l’aube du 14 juin 2017, durant ma semaine de vacances, je perdais beaucoup de sang (de gros caillots). Mon instinct me disait que ce n’était pas normal.  J’étais devenue très pâle. J’avais beaucoup de vergetures sur les jambes, mes cheveux tombaient en quantité à chaque fois que je me peignais. Pour finir, ma vision était très trouble et je me sentais plus fatiguée qu’à l’habitude.

Le 14 juin 2017, en pleine nuit, je me suis assise sur le bord de mon lit et je ne sais pas pour quelle raison, j’ai senti une force me pousser à me mettre debout. C’est alors que je me suis habillée et j’ai pris la route pour l’hôpital de St-Mary.

Ayant une amie qui travaille dans cet hôpital de nuit, je l’ai contactée afin de la mettre au courant de ma situation.  Arrivée à l’urgence de l’hôpital, l’infirmière de garde a pris ma pression. Pendant que j’étais allongée dans une des salles de consultation de l’urgence, sept médecins différents sont venus me voir pour me questionner sur mon état de santé.  J’ai commencé à m’imaginer les mauvaises nouvelles que ces médecins allaient m’annoncer.

Mon amie est allée voir l’infirmière afin d’en savoir plus sur mon état de santé. Au lieu de répondre, cette dernière s’est mise à lui poser des questions à mon sujet, lui demandant si je me levais chaque matin, si j’allais travailler et que je menais une vie normale comme tout le monde. Mon amie lui répondit que oui, alors l’infirmière lui expliqua que mon  taux d’hémoglobine était extrêmement bas, puis ajouta que si j’avais attendu ne serait-ce qu’une journée de plus, je serais peut-être morte.

Après leur diagnostic, les médecins ont décidé qu’il était urgent que je subisse une opération afin d’enlever les fibromes, mais au vu de la baisse importante de mes globules sanguins, il était trop risqué de m’opérer dans cet état. Ils décidèrent de me faire une transfusion sanguine et de me mettre sous observation afin de régulariser mon taux de globules.

Après avoir passé la nuit et la journée à l’urgence, j’ai eu mon congé de l’hôpital et une vingtaine de médicaments à prendre par jour afin de stabiliser mes pertes sanguines et ce, en attendant d’être opérée. En dépit de l’urgence de mon état, j’ai été mise sur une liste d’attente pour une chirurgie.

Pendant ce temps, les échographies réalisées ont détecté 6 fibromes de 10 cm chacun et un kyste du côté gauche, au bas de mon ventre.

Après quelques semaines d’attente, l’hôpital m’a contactée pour m’informer que la chirurgie aurait lieu le 25 juillet à 12h30.  J’ai décidé d’avoir une hystérectomie (l’ablation de l’utérus) en dépit des conseils de mon gynécologue qui insistait sur le fait que j’étais encore jeune et que je pouvais avoir des enfants.  Je pense que sur le coup, j’ai laissé la peur m’envahir et je ne voulais rien entendre. J’ai dit non et j’ai exigé qu’il fasse l’ablation de l’utérus. Mon médecin m’expliqua que l’opération durerait deux heures maximum et que le lendemain, j’aurais mon congé de l’hôpital suivi d’une convalescence. Le jour de mon opération,  je saluai mes proches et ajoutai : “À dans deux heures!”

Lorsque j’ai ouvert les yeux, dans la salle de réveil,  j’ai regardé l’heure avec surprise. Il était 20h! L’infirmière m’a dit bonjour et on m’a conduite à ma chambre. En me voyant, mes proches avaient une expression de soulagement, après des heures d’inquiétude sans nouvelles.

Une fois installée dans ma chambre, j’avais des écoulements urinaires. Les points de suture de ma vessie étaient déchirés car pas assez serrés.  Au lieu d’uriner dans la sonde, j’avais de l’urine qui s’écoulait de la couture. Une docteure de garde est venue me recoudre comme une couturière venant faire des retouches sur un habit. Ouf!

Suite à mon opération, trois jours passent sans que j’aie de nouvelles de mon gynécologue pour le suivi. Finalement, après une semaine jour pour jour, mon chirurgien s’est présenté afin de m’expliquer comment s’était déroulée mon opération. Il débuta en me disant : “Madame, je n’ai jamais eu à subir une opération aussi compliquée que la vôtre!” Il poursuit. “Durant l’opération, il y avait tellement de fibromes dans votre ventre que ceux-ci avaient fait un trou dans votre vessie” dit-il.  De plus, il ne trouvait pas mon utérus. Je n’ai jamais su qu’un utérus pouvait se déplacer. J’ai toujours pensé que tout était relié. Le chirurgien me précisa que finalement il avait pu localiser mon utérus sous mon sein droit et qu’après l’opération, je n’arrivais pas à me réveiller. OMG! Je ne comprenais pas ce que ce médecin me racontait. Pour moi, il m’expliquait le scénario d’un film d’horreur sortit au cinéma. Il m’était impossible de trouver une logique à ses propos. Pour conclure, le chirurgien, me dit que tout était revenu à la normal, que tout irait mieux pour moi et que j’étais comme neuve. Je le remerciais. Il me souhaita un prompt rétablissement et me signifia mon congé de l’hôpital.

Voilà mon expérience avec les fibromes! Je me considère comme une survivante. Maintenant, je vais très bien par la grâce de Dieu. 

J’espère que mon témoignage pourra informer les femmes de l’importance d’écouter son corps, d’apporter une attention aux changements inhabituels qui apparaissent subitement ou graduellement dans leur corps.  Au moindre doute, mesdames, de grâce, allez consulter un médecin, car, mieux vaut prévenir que guérir.

Je veux remercier l’organisation Vivre 100 fibromes qui informe, sensibilise et donne des ressources aux femmes qui vivent avec ce fléau qui touche tellement de femmes dans le monde. Bonne continuité!

Cathia 

La survivante

Sandrine, 38 ans, j’ai un utérus fibromateux et j’ai eu un enfant grâce à une fécondation in vitro

Bonjour, mon nom est Sandrine, je suis africaine, j’ai 38 ans et j’ai un utérus fibromateux. Tout a commencé il y a 8 ans, quand j’ai découvert que j’avais une petite masse plus ou moins arrondie au niveau de mon bas-ventre qui bien qu’indolore m’a beaucoup inquiétée. Et oui, sentir qu’on a une masse dans l’abdomen peut être très inquiétant. Étant une personne mince, cette masse était plus accentuée en position couchée que debout. Je l’ai justement palpée pour la 1re fois en position couchée. Avant cela, j’avais constaté que j’avais des ménorragies (règles anormalement abondantes et longues). Concernant les dysménorrhées (douleurs pendant les menstruations), contrairement à mes sœurs, j’en avais toujours eu depuis la puberté. J’ai donc consulté un gynécologue et le diagnostic de fibrome utérin a été posé. Le gynécologue m’a mise sous progestatif associé à du fer car je faisais de l’anémie. Je prenais mes anti-inflammatoires comme d’habitude durant mes règles.

Au fil des mois et des années, les fibromes ont grossi. Ils sont devenus très incommodants et, en plus des saignements fréquents, j’ai commencé à avoir des douleurs atroces qui me conduisaient chaque fois à l’urgence, car il me fallait des antalgiques de pallier supérieur et en intraveineuse pour me calmer. Je me souviens encore de mes cris et de mes pleurs à cette époque, c’était atroce. En plus de vivre cela chaque mois, j’étais également très fragile mentalement et psychiquement.

J’ai subi une myomectomie par laparotomie en 2012, soit deux ans après le diagnostic.

La myomectomie était rendue nécessaire à cause des douleurs invalidantes, des saignements abondants, de l’anémie sévère que je faisais (les médecins avaient même envisagé une transfusion sanguine durant l’opération) et pour faciliter une grossesse ultérieure. Trois mois plus tard,  j’ai récupéré de l’intervention. Mon médecin m’a conseillé de concevoir un enfant le plus rapidement possible car la nature a horreur du vide. Il est important de savoir que selon la localisation du fibrome, les symptômes, sa taille, il est difficile d’échapper à une intervention chirurgicale. L’hystérectomie est envisageable, mais on conserve l’utérus en cas de désir de grossesse, surtout quand on est encore en âge de procréer. Quelques mois après mon opération, mon cycle est devenu régulier. J’avais toujours des fibromes mais ils étaient asymptomatiques. Lors de l’intervention, on avait uniquement retiré le plus gros qui mesurait environ 16 cm.

J’ai finalement rencontré l’homme de ma vie plusieurs années plus tard, en 2014. Nous avons décidé de nous mettre en couple en 2015. Tous les deux nous voulions des enfants. J’avais fait comprendre à mon conjoint que j’avais subi une myomectomie.

En 2016, je n’arrivais pas à concevoir.

En 2016, comme je n’arrivais pas à concevoir, nous nous sommes rendus à une clinique d’assistance à la procréation pour consulter et discuter d’autres alternatives. Nous avons réalisé plusieurs tests au sein de cette clinique afin de savoir quelle était l’origine du problème. Les tests, bien évidemment, ont montré que cela venait de moi.  Le bilan de fertilité a retrouvé plusieurs fibromes (j’en avais 15 maintenant et ils avaient augmenté de volume), une faible réserve ovarienne. L’hystérosalpingographie, la radiographie pour observer l’utérus et les trompes de Fallope, a montré que j’avais les deux trompes bouchées. Ma gynécologue m’a expliquée que vu mon âge « avancé », il était préférable d’opter directement pour une FIV. Mais pour garantir son succès, il fallait réduire la taille du fibrome. Elle m’a également conseillé de congeler mes ovules. J’ai donc été mise sur Fibristal durant 3 mois afin de réduire la grosseur des fibromes. L’insémination artificielle n’avait pas été envisagée car pour cela il fallait avoir des trompes perméables, ce qui n’était pas mon cas.

Comme la clinique ne me plaisait pas, nous avons décidé de transférer notre dossier dans un centre de reproduction. J’avais dans mon entourage deux amies qui avaient été suivies là-bas. Pour ma part, il est très important que le courant passe avec le médecin qui nous suit, de se sentir comprise, encadrée et de recevoir les réponses à ses questionnements.  De plus, le coût de la FIV était relativement moins dispendieux au centre de la reproduction.  Avec mon conjoint, nous nous sommes donc rendus là-bas où nous avons refait des tests. Je prenais le Fibristal depuis déjà trois mois et bonne nouvelle, l’échographie a montré une réduction conséquente de mes fibromes. Il a été convenu que je prendrai le Fibristal pour encore trois autres mois.  Après cela l’hystérosalpingographie a montré que j’avais des trompes perméables. C’était en fait les fibromes qui obstruaient mes trompes.

Mes trompes étant perméables, j’ai donc eu recours à l’insémination artificielle (IA).

Nous avons débuté le processus d’IA. Celui-ci était couvert par le gouvernement pour neuf essais.  Le 1er jour des règles, on rencontre une infirmière qui nous explique tout. On se procure des médicaments disponibles dans des pharmacies spécifiques. On revient voir l’infirmière qui nous explique comment et durant combien de temps nous devrons administrer les injections. Un RDV est pris pour des examens de sang et une échographie de suivi. Arrive enfin le jour où on modifie le traitement en vous demandant de vous injecter la molécule qui déclenchera l’ovulation, de venir le lendemain avec le sperme de votre conjoint pour faire l’insémination. J’ai été très positive durant ce processus car pour moi il n’y avait pas de raison que cela ne fonctionne pas. Ni mon conjoint, ni moi n’avions d’autres problèmes. Je pensais tout le temps à mon traitement et je faisais mon possible pour ne jamais être en retard pour mes injections. Nous avons essayé deux fois. Nous avons subi deux échecs, ce qui m’a beaucoup affectée psychologiquement. À la deuxième tentative, j’ai beaucoup pleuré quand j’ai eu mes règles. Heureusement, je n’étais pas seule. Mon conjoint m’a énormément soutenue durant ces essais. Après ces deux tentatives, j’ai eu besoin de prendre une pause de deux mois.

Après cette période, nous sommes retournés voir le gynécologue avec la décision de faire une FIV.

Le traitement hormonal de la FIV a été plus lourd. Certaines molécules de l’IA ont été reconduites mais il y en avait plusieurs autres. J’ai dû me préparer psychologiquement à reprendre des injections.

La première journée des menstruations, on doit appeler pour prendre RDV pour une échographie « FIV » le 2e ou 3e jour de notre cycle. Le jour 2, après l’échographie, on est avisé par une infirmière de commencer nos injections d’hormones (Puregon + Repronex). Au 6e jour d’injection, on débute une nouvelle injection (Cetrotide) qui doit être prise le matin, tout en poursuivant les autres injections. Le 8e jour, des injections, une autre échographie et une prise de sang sont réalisées. D’autres échographies sont planifiées en fonction de comment notre organisme répond au traitement. L’idée est de maximiser la stimulation folliculaire. Mon prélèvement d’ovules a eu lieu environ deux semaines après le début du processus. J’avais pu produire cinq follicules. Mon mari était également présent pour donner son sperme. Un jour avant, sur les recommandations de l’infirmière, je m’étais injectée l’hormone HCG. Après le prélèvement d’ovules, j’ai reçu trois autres prescriptions en vue de la préparation du transfert d’embryon.  Celui-ci a eu lieu trois jours après le prélèvement des ovules. La culture n’avait donné que deux embryons qui ont tous été transférés dans mon utérus. Après le transfert, nous avons pris un RDV pour le test de grossesse. L’équipe médicale du Centre de reproduction nous fait des recommandations concernant le mode de vie à adopter (alimentation, vitamines, exercice, hygiène, relations sexuelle, stress…).  Entre-temps, je devais poursuivre avec le médicament Endometrin en intra-vaginal. J’ai fait mon possible pour ne pas être stressée durant cette période d’attente. C’était difficile. Le jour du RDV pour le test de grossesse, soit environ une dizaine de jours après, je me suis rendue au Centre de reproduction et on m’a fait un prélèvement sanguin. L’infirmière m’a rassurée en me disant que je recevrais un appel ce même jour pour me dire si j’étais enceinte ou non. Au retour, j’ai acheté un test rapide de grossesse, j’étais tellement impatiente, je ne voulais pas attendre. Mais j’ai été dans l’incapacité de le faire et j’ai attendu. Dans l’après-midi, le centre m’a appelée pour me transmettre une nouvelle positive : ma FIV avait marché du 1er coup. C’était le bonheur total. Le miracle s’était produit. J’allais avoir des jumeaux.  Je ne me rappelle plus précisément quand, mais un à deux mois après, j’ai eu ma 1re échographie de grossesse. Le gynécologue m’a dit qu’un seul embryon avait survécu. Cette nouvelle m’a beaucoup chagrinée car je voulais une grossesse gémellaire, « avoir deux bébés au prix d’un ».

Mon premier et mon deuxième trimestre ont été assez difficiles. Les fibromes grossissaient avec la grossesse. Ils étaient parfois tellement douloureux que j’ai été hospitalisée à plusieurs reprises. J’avais tout le temps peur de perdre mon bébé.  Mon troisième trimestre fut le plus facile.

La FIV peut être difficile à supporter tant moralement que financièrement, mais ça vaut le coût! J’étais prête à tous les sacrifices pour être mère. Je pense qu’il ne faut pas trop attendre et cogiter à un certain âge, mais plutôt foncer devant les possibilités de procréation médicale assistée qui s’offrent à nous. Il est également important de croire que ça peut fonctionner et de persévérer malgré certains résultats négatifs.

Sandrine.